lundi 7 septembre 2009

Urgences drive-in !

Vous connaissiez le Mc Drive où vous n'avez pas besoin de descendre de votre voiture pour acheter votre hamburger ? Depuis sa mise en place dans les années 40, ce concept a fait des émules dans le pays où le temps est de l'argent. Retrait de cash au distributeur sans avoir à descendre de sa voiture, achat de bière, etc. Il est désormais question d’étendre ce principe aux urgences !

Le docteur Greg Gilbert a eu cette idée il y a quelques années, alors qu’il s’occupait de la gestion pandémique de la grippe et qu’il cherchait un moyen de gérer efficacement un nombre de patient important. L’idée consiste à mettre en place un service d’urgences au sein duquel les patients n’ont à descendre de leur voiture à aucun moment de la prise en charge. Le principe est simple : les voitures servent de sas de protection afin d’éviter le contact entre les patients infectés par un virus contagieux et le personnel médical, et de protéger par la même occasion les patients qui ne sont pas contaminés.

Compte tenu du risque actuel de pandémie de grippe porcine, le docteur Greg Gilbert a finalement expérimenté son concept en juin dernier au « Stanford Hospital and Clinic ». L’hôpital a aménagé un parking en service d’urgences permettant aux patients de passer à différentes fenêtres afin d’être diagnostiqués, traités et bien sûr facturés !

La première fenêtre permet aux patients de faire les démarches administratives afin de donner leurs coordonnées et de fournir la preuve qu’ils sont couverts par une assurance. La deuxième étape est celle du triage : les infirmiers et techniciens enregistrent les premiers signes vitaux et prennent note des antécédents médicaux du patients. Lors de la dernière étape, les patients sont enfin « vus » par des médecins qui posent alors un diagnostique et décident d’admettre ou non le patient à l’hôpital.

Cette expérience a été réalisée dans un premier temps non pas avec de vrais patients mais avec des volontaires. Elle a été observée par de nombreux experts et devrait prochainement faire l’objet d’une publication dans une revue médicale. Aux yeux de nombreux professionnels, cette expérience a été concluante et il serait envisageable de l’appliquer dès l’automne si la pandémie de H1N1 prenait de l’ampleur.

mardi 28 juillet 2009

Salaire d'une infirmière à New York

En m’intéressant aux sujets de recherche amenant des visiteurs sur mon blog, je me suis aperçue que le sujet du salaire des infirmières était un des thèmes les plus recherchés.
Tabou en France, le sujet des salaires est abordé plus librement aux Etats-Unis. Après avoir fait quelques recherches sur le Web, je me suis rendu compte qu’il est difficile de trouver des informations sur le salaire d’une infirmière en France et que peu de personnes souhaitent le communiquer. Plutôt que de donner des chiffres, on préfère dire qu’on n’a pas choisi ce métier pour l’argent ! Vrai, mais ça n’est pas avec des réponses comme celles-ci que l’on va réussir un jour à êtres plus reconnus et mieux payés…

Comme je l’avais dit dans un précédent post, les salaires des infirmières aux Etats-unis sont beaucoup plus élevés qu’en France mais sont assez disparates selon l’état dans lequel on exerce. L’état de Californie est, par exemple, l’état dans lequel les infirmières sont le mieux rémunérées. Mais le coût de la vie est aussi bien plus élevé qu’ailleurs.

Dans la majorité des hôpitaux, les salaires sont négociés par les syndicats tous les trois ans.
Le salaire de base annuel brut d’une «registered nurse» en 2009 dans mon hôpital est 71 247 dollars. Ce salaire de base est augmenté chaque début d’année d’environ 2000 dollars, ce qui le portera au 1er janvier 2010 à 73 384 dollars. Chaque année d’expérience apporte également environ 1000 dollars de plus sur le salaire annuel. Enfin, le niveau d’étude et les certifications sont pris en compte. Les infirmières ayant un Bachelor of Science in nursing (Bac +4) gagnent 1400 dollars de plus par an, quant à celles qui détiennent des certifications, 1500 dollars de plus.
Comme en France, les salaires les plus hauts sont ceux des infirmières anesthésistes qui débutent aux environs de 150 000 dollars.

De nombreuses raisons justifient ces niveaux de salaire. Celui-ci s’explique en grande partie par le fait que nous travaillons plus qu’en France. « Travailler plus pour gagner plus » comme diraient certains. Pour prendre mon exemple, je travaille entre 15 et 17 jours de 12h30 par mois et je n’ai que 4 semaines de vacances.
De plus, la plupart des infirmières américaines se sont endettées pour payer leurs études qui peuvent coûter jusqu’à 35 000 euros l’année. Elles doivent rembourser leurs crédits pendant plusieurs années en même temps qu’épargner afin de payer les études de leurs enfants.
Sans oublier qu’une partie du salaire est en général placé sur des plans d’épargne pour la retraite.
Enfin, comme on le sait, aux Etats-Unis, les soins de santé sont extrêmement coûteux et doivent être pris en compte dans le budget.

Malgré tout, je bénéficie d’un meilleur niveau de vie qu’en France. Toutefois, je ne peux m’empêcher de me demander dans quelle mesure les salaires élevés attribués au personnel de santé contribuent aux coûts, inabordables pour certains, des soins de santé aux Etats-Unis.

samedi 11 juillet 2009

Une journée de ma vie d'infirmière

Difficile de se remettre à écrire après une semaine de vacances passée chez mes parents dans la Drôme des collines… J’ai bien essayé de finir ce post pendant mes vacances mais entre un plongeon dans la piscine et écrire sur une journée de travail, le choix était vite fait !

J’ai donc décidé de vous raconter une journée type d’une infirmière en réanimation à New York. Ne soyez pas étonnés, ça ressemble beaucoup à la journée d’une infirmière en réanimation en France.

Réveil à 5h30. Après un bon café latte fait maison, je saute dans un «yellow cab», direction l’hôpital.
En arrivant dans le service, je fais le tour du service et choisis le groupe de patients que je prendrai en charge pour la journée.
Nous appliquons dans notre unité la règle du premier arrivé, premier servi (first come, first serve). C’est une règle que je n’ai jamais vu appliquer ailleurs qui veut que les infirmières arrivant le matin choisissent leurs patients en fonction de leur ordre d’arrivée. Certaines de mes collègues arrivent donc à 6h pour prendre la relève à 7h30 seulement. J’ai choisi d’arriver tôt pour pouvoir choisir mes patients et ne pas hériter de ceux dont personne ne veut (obèses trop lourds à repositionner, alcooliques trop agités, patient dont les familles sont trop présentes…), quitte à me lever beaucoup plus tôt.
Puis direction le Starbuck’s pour un second café ! Il me faut bien ça pour affronter ma journée de 12h30 de travail...
Après une demi-heure de transmission de 7h30 à 8h pendant laquelle les infirmières de nuit nous présentent les patients, nous démarrons la journée par un examen clinique approfondi des patients, vérifions les alarmes des paramètres vitaux sur les moniteurs, ainsi que les doses des médicaments administrés en continu.
L’examen clinique est constitué de l’analyse de l’état de conscience du patient, cotation du score de Glascow, l’analyse du rythme cardiaque, la vérification de la présence et l’intensité des pulsations aux extrémités, l’auscultation des bruits des poumons ainsi que la présence de ceux des intestins aux quatre quadrants de l’abdomen, palpation de l’abdomen.
Je m’installe ensuite devant un des ordinateurs du service et passe entre une demi-heure et une heure à remplir des pages de détails sur mon examen clinique, les actions mises en place pour assurer la sécurité du patient et l’administration des médicaments. Et comme si cela n’était pas suffisant, nous remplissons également une feuille de soins.
La partie administrative est extrêmement importante aux Etats-Unis notamment à cause des nombreux procès intentés par les patients et leurs familles contre les hôpitaux, médecins et infirmières.
Après avoir fini mon travail de «charting» sur l’ordinateur, il est temps de préparer les médicaments de 10h.
La titration de la plupart des infusions, notamment les sédatifs (diprivan, morphine, lorazepam) et les catécholamines, est laissée à la charge des infirmières.
Les soins de bouche ainsi que le repositionnement les patients afin de prévenir les escarres s’effectuent toutes les deux heures. Le repositionnement s’effectue en général avec une aide-soignante, mais comme nous n’en avons qu’une seule pour douze patients, je perds souvent beaucoup de temps à la chercher.
La visite des médecins s’effectue également le matin et nous décidons du plan de soin de notre patient pour la journée.
Dans la matinée, la «charge nurse» répartit les pauses-repas. Nous sommes en général mises en binôme et surveillons les patients de l’autre infirmière pendant l’heure de pause.
L’après-midi est occupé par la distribution des médicaments, la surveillance étroite des paramètres vitaux et les toilettes des patients. Les pansements de voies veineuses centrales sont effectués à l’aide d’un kit contenant des gants stériles, un masque, deux cotons-tiges imbibés d’antiseptique, un petite compresse et un pansement transparent. Pas terrible comparé à la technique française où même l’infirmière s’habille en stérile ! Les lignes des cathéters sont changées tous les 4 jours. Quant aux sondes d’intubation, nous changeons leurs attaches avec l’aide des «respiratory therapist» qui sont des professionnels de santé spécialisés sur la respiration. Ceux-ci s’occupent de tout ce qui concerne les traitements respiratoires (nébulisations, ventilateurs, etc.). Ils relèvent les paramètres des respirateurs régulièrement (les infirmières le font aussi sur leur feuille de soin), règlent les alarmes, aspirent le patient occasionnellement.
Les amples horaires de visite accordés aux familles et connaissances qui s’étalent de 11h à minuit ajoutent une charge de travail conséquente car il nous faut répondre aux multiples questions et demandes des familles.
La journée s’achève à 20h après avoir fait les transmissions à l’infirmière de nuit.

vendredi 19 juin 2009

Les infirmières à l’honneur !

Deux séries télévisées ayant pour personnages principaux des infirmières débarquent ce printemps sur nos écrans. Il s’agit de « Nurse Jackie » et de « HawthoRNe » : deux shows aux antipodes, qui suscitent déjà de vives réactions au sein de la profession infirmière aux Etats-Unis.

«Nurse Jackie» est jouée par Edie Falco, connue pour son rôle dans la série sur la mafia italienne « Les sopranos ». La série dépeint une infirmière qui travaille aux Urgences ayant pour but de soigner le mieux possible ces patients tout en étant une sorte de justicière. Elle enfreint allègrement les règles de l’hôpital afin de faire le bien auprès des personnes en difficulté et n’hésite pas à donner des soins pour le moins inappropriés à ceux qui, selon elle, ne le méritent pas. Nurse Jackie souffre également de problèmes de dos et se drogue aux percocets (médicaments anti-douleur) qu’elle obtient par le pharmacien et les absorbe avec une manière bien à elle ! En tous cas, la partie qu’on peut voir gratuitement sur le site de Showtime m’a bien fait rire mais a suscité pas mal de critiques dans le milieu infirmier. De nombreuses infirmières et associations se sont fait entendre pour que ce show soit retiré car elles estiment qu’il nuit à l’image de notre profession. Je pense pourtant que la plupart des spectateurs ne sont pas stupides au point de croire que cela se passe dans la réalité (enfin, pas tout quoi !). Cette série passe malheureusement sur une chaîne privée et il faut débourser quelques dollars pour y avoir accès.

« HawthoRNe » fait plutôt penser à un remix d’« Urgences » avec comme personnages principaux des infirmières plutôt que des médecins. On retrouve la même trame d’histoires personnelles mêlées au quotidien des infirmières. Le personnage principal, joué par Jada Pinkett Smith (la femme de Will Smith), est Christina HawthoRNe, la directrice des soins infirmiers de Richmond Trinity Hospital. Pour ceux qui ne le savent pas, RN sont les initiales désignant notre statut de Registered Nurse (équivalent de l’abréviation IDE). C’est le côté héroïque des infirmières qui est mis en avant dans cette série, Christina se trouvant le même jour en réunion administrative, au chevet de cinq patients et posant une intraveineuse à un nourrisson. Les relations avec les médecins sont malheureusement montrées sous l’angle du conflit et de la domination. Ce sera peut-être la série qui remplacera le vide laissé par « Urgences ».

Quelle que soit l’approche de ces séries sur le monde infirmier, il était temps qu’on nous mette a l’honneur !

Nurse Jackie :
http://www.youtube.com/watch?v=FGyWMdCWUrc

HawthoRNe :
http://www.tnt.tv/dramavision/?cid=48487

vendredi 12 juin 2009

Hygiène 1ère partie : les uniformes

Appelés plus communément ici « scrubs » ou encore « pajamas », les uniformes se portent non seulement dans l'hôpital mais aussi à l'extérieur, comme dans les séries télévisées. Ne cherchez pas les caméras si vous êtes en visite à New York et que vous croisez quelqu'un en uniforme dans la rue ! Pratique choquante pour moi qui, lors de mes nombreux stages d’école d’infirmière, devais me changer même pour aller manger à la cafétéria. Ici, la plupart de mes collègues arrivent en scrubs au travail, après s’être habillés à la maison, puis repartent le soir sans se changer. Je suis une des seules infirmières à apporter mes tenues avec moi et à me changer dans l’unité. J’ai pourtant assez rapidement compris que rien n’était aménagé pour qu’on puisse se changer sur place. Pendant longtemps je me suis changée dans les toilettes en tentant des numéros d’équilibriste improbables pour que ni mes vêtements, ni mes tenues ne touchent le sol. Puis récemment, on nous a aménagé une pièce avec des casiers faisant office de vestiaire. Le seul petit problème est la température de cette pièce qui est proche de zéro, de quoi en décourager plus d’un ! Un des avantages certain de mettre sa tenue au saut du lit est le gain de temps et, pour des New-yorkais pressés, le temps n’a pas de prix. Certaines de mes collègues portent même leurs scrubs pour aller faire leurs courses les jours où elles ne travaillent pas !

Pourtant, de nombreuses études démontrent que nos uniformes sont des vecteurs d’infections. A l’automne dernier, le New York Times publiait un article intitulé : « The doctor’s hands are germ-free. The scrubs too ? » (Les mains des médecins n’ont pas de bactéries. Leurs uniformes non plus ?). Certains chiffres sont particulièrement effrayants. Une comparaison de la présence d’agents pathogènes sur les cravates portées par les médecins et celles des agents de sécurité à l’hôpital est faite : 50% des cravates de médecins étaient contaminées contre 10% seulement pour les agents de sécurité. L’auteur pointe également du doigt le fait qu’en Europe les uniformes sont généralement pourvus et entretenus par l’hôpital, alors qu’aux Etats-Unis tout est laissé à la charge de l’employé. Effectivement, j’ai dû acheter moi-même mes tenues et c’est moi qui me charge de leur entretien. Les règles concernant la tenue vestimentaire sont assez floues. D’ailleurs, la majorité des hôpitaux ne donnent aucune directive particulière en la matière. Chacun achète la couleur, la forme d’uniforme qui lui plaît. Certains portent même de simples tee-shirts !

L’article du New York Times donne par ailleurs l’exemple du Danemark, où les règles d’hygiène sont plus strictes notamment au niveau des tenues. Dans ce pays, moins de 1% des infections à staphylocoques sont des infections à bactéries résistantes contre plus de 50 % dans certains hôpitaux américains. L’auteur met en avant les budgets serrés des hôpitaux ou le manque de place pour des machines d’entretien. Il me semble tout de même que les frais engendrés par les infections nosocomiales, qui ne sont désormais plus remboursées par l’Etat mais à la charge de l’hôpital, devraient faire réfléchir l’administration…

Pour ne rien arranger, certains Américains, telle l’infirmière chargée de la lutte contre les infections nosocomiales dans mon hôpital, ont une fâcheuse tendance à considérer qu’aucune pratique venant de l’étranger ne peut être supérieure à ce qui se fait aux Etats-Unis. Pas facile d’établir un dialogue et de faire évoluer les mentalités dans ces conditions ! Ils auraient pourtant beaucoup à apprendre du système français où l’hygiène est le pilier de notre pratique quotidienne.

dimanche 7 juin 2009

Sang pour sang

Aujourd’hui, j’ai transfusé une poche de sang à un de mes patients. Sa femme m’a interpellée pour me poser une question. Elle a commencé par me dire qu’elle avait donné son sang pendant de nombreuses années et, bien sûr, qu’elle avait fait cela de manière volontaire. Aux Etats-Unis comme en France, le don du sang n’est pas rémunéré. Après avoir tourné un petit moment autour du pot, en me demandant de quel type sanguin était son mari et m’avoir fait remarqué qu’elle avait le même, elle m’a enfin posé sa question : était-il possible qu’elle fasse don de son sang à notre hôpital pour éviter qu’on ne leur facture la poche de sang transfusée à son mari ? J’ai mis quelques secondes à répondre en reformulant la question pour m’assurer d’avoir bien compris… Je précise que ce patient est couvert par une assurance mais qu’une partie des frais n’est probablement pas couverte.
Après m’être renseignée auprès de l’infirmière référente, je lui ai répondu que ce n’était pas possible.
Cette question m’a laissée perplexe. C’est malheureux que dans une société aussi développée on en réduise la population à faire « l’aumône » pour sa santé.

mercredi 20 mai 2009

Petites comparaisons !

Infirmière française + infirmière américaine = infirmière parfaite. Equation simpliste, direz-vous ! Peut-être. Toutefois ayant eu la chance d'être formée et d’avoir travaillé en France, et maintenant à New York, je suis parvenue à cette conclusion. Ça ne veut pas dire que je suis parfaite, loin de là ! Mais à l'heure où se prennent d'importantes décisions sur la formation et la reconnaissance des infirmières françaises, je pense qu’il serait intéressant de regarder ce qui se passe de ce côté de l’Atlantique.

Pour comprendre comment je suis arrivée à cette conclusion, je vais vous exposer quelques-unes de mes observations sur chacun des deux systèmes.

La formation française est très axée sur l'apprentissage des gestes. On nous apprend à exécuter les décisions des médecins, sans réelles réflexions personnelles. Les enseignants en école d'infirmière portent d'ailleurs bien leur nom de «formateurs», formattant les petits moutons d'élèves que nous étions à ne pas trop réfléchir en dehors du cadre qui nous était fixé.
Le résultat de ce mode de formation : des infirmières expertes au niveau de l'exécution des gestes techniques et de l'hygiène hospitalière mais, pour la majorité d'entre elles, incapables de faire preuve d’esprit critique, de s’interroger sur le bien-fondé de certaines consignes données par les médecins. En outre, le manque de contenu théorique de cette formation ne leur permet pas de disposer des bases nécessaires pour entamer une réflexion approfondie de leurs pratiques.
A la suite de leur formation, les infirmières se regroupent peu entre elles : seulement 8% adhérent à des associations professionnelles et 4% sont syndiquées.
Les possibilités de formation continue très restreintes, le manque de reconnaissance, mais également des conditions de travail difficiles et un salaire trop faible sont les ingrédients qui ont pour conséquence une durée moyenne d'exercice des infirmiers en France d’environ 12 ans.

Aux Etats-Unis, plusieurs formations permettent d’accéder au métier de «Registered Nurse». A l’inverse de ce qu’on observe en France, ces formations sont essentiellement basées sur un enseignement théorique. A la sortie de l'école, certaines infirmières ne savent pas poser une intraveineuse mais sont capables d'analyser un ECG par exemple.
La conséquence de ce manque de pratique est une qualité des soins bien inférieure à celle prodiguée par les infirmières françaises, sans parler du manque d’hygiène qui fera l’objet d’un… ou deux… voire trois prochains posts ! En contrepartie, le niveau élevé de connaissance médicale permet aux infirmières d'avoir une relation de collaboration avec les médecins et non un rapport hiérarchique.
Un autre avantage du système américain est l’accès à la formation. Une infirmière peut par exemple passer des certifications (réanimation, urgences, médecine/chirurgie, etc.) ou poursuivre ses études universitaires dans le domaine médical (voir mon post précédent sur les « Nurse Practitioner »). Ces formations sont en général payées par l’hôpital, et permettent non seulement aux infirmières d’approfondir leurs connaissances, mais aussi de bénéficier de salaires plus élevés et d’une meilleure reconnaissance.
Un autre point majeur est l’importance des syndicats qui permettent aux infirmières de parler d’une seule voix et d’être entendues. Les syndicats renégocient les contrats de travail avec l’hôpital tous les trois ans et permettent d’obtenir de très bonnes conditions de travail (salaires compétitifs, ratio patients/infirmière raisonnable, etc.).
Les différentes carrières possibles suscitent de nombreuses vocations et permettent aux infirmières d'évoluer au sein de leur profession. D’ailleurs, selon USnews.com, la profession d’infirmière se trouve parmi les 30 professions les plus attractives aux Etats-Unis.

En fait, l’idéal serait une formation infirmière s'appuyant sur les connaissances théoriques proposées par la formation américaine complémentée par l'apprentissage des gestes techniques et de l'hygiène à la française.

Le regroupement au sein d'associations et de syndicats me semble aussi essentiel pour transformer progressivement notre profession et nos pratiques. L’union fait la force !

Enfin, il me semble nécessaire de faire évoluer les possibilités de formation. Au-delà de la reconnaissance à Bac+3 obtenue à partir de la promotion débutant en 2009, il est important de faire évoluer le contenu de la formation, de créer de nouvelles spécialités et de demander une reconnaissance des Diplômes Universitaires par les hôpitaux et les professionnels.

En conclusion, je pense tout de même que la qualité des soins prime sur les capacités intellectuelles de la personne qui les exécute et de mon point de vue, il vaut mieux être un patient en France qu’aux Etats-Unis. Mais je ne peux m’empêcher d’être inspirée par le modèle américain dans lequel les infirmières se battent la progression de leur profession et dont aujourd’hui Florence Nightingale serait fière !

lundi 18 mai 2009

Premier cas de Swine flu (grippe A)

Depuis quelques semaines, mes amis et ma famille me posent souvent des questions sur la grippe à New York. Les seules informations que j’avais alors étaient que le Tamiflu avait été mis sous clé dans la pharmacie centrale de l’hôpital et que l'organisation du «Center of Disease Control» téléphonait chaque jour dans toutes les réanimations de la ville pour faire le point sur des patients atteints de la grippe ou s'étant présentés avec les symptômes de la grippe.

Aujourd’hui, lorsque je suis arrivée au travail, mes collègues m'ont informé qu'une patiente était hospitalisée dans notre réanimation à cause la grippe A. C'est notre premier patient diagnostiqué avec cette pathologie. Cette jeune femme a été placée en isolation : chaque personne entrant dans la chambre doit revêtir un masque et une surblouse ainsi que des gants. Son traitement se compose de Tamiflu et d'autres antibiotiques. De plus, cette patiente étant immunodéficiente, elle a dû être intubée pour détresse respiratoire.

Un des infirmiers entré en contact avec elle pendant quelques heures avant l'institution de l'isolation reçoit également un traitement prophylactique de Tamiflu. Pas de chance pour lui, les effets secondaires de ce médicament ne sont pas très agréables !

Il est difficile de prévoir l'évolution de la maladie aujourd'hui et je vous tiendrai au courant de la suite des événements très bientôt. J’espère que je n’aurai pas grand-chose à vous raconter sur ce sujet !

mardi 12 mai 2009

la formation de « Nurse Practitioner »

J'ai assisté ce matin à la cérémonie de remise des diplômes d'une collègue dans un théâtre de Broadway. Elle vient d’obtenir avec les honneurs son master de « nurse practitioner » à New York University. C'est l'occasion pour moi de vous parler de cette formation, comme je l'avais promis dans mon premier post.

C'est en 1965, que la profession de « nurse practitioner » (NP) fut créée. Cette spécialité a pris son essor dès la fin des années 60, alors que se posait la question du manque croissant de médecin aux Etats-Unis.

Cette spécialisation se fait généralement après un Bachelor of Science in Nursing (BSN), qui est l’un des trois parcours possibles pour exercer le métier d’infirmière. Il faut faire deux années d'études supplémentaires après les quatre années de BSN pour obtenir ce Master of Science in Nursing. Il est également proposé sous forme de formation à temps partiel en trois ans afin de permettre à celles qui le souhaitent de travailler en même temps.

Plusieurs spécialités sont proposées, dont les plus connues sont :
- Pédiatrie
- Adulte
- Famille
- Santé de la femme
- Néonatologie
- Gériatrie
- Soins d'urgences

Les « NP », comme on les surnomme ici, bénéficient d'un champ de compétence très large. Elles peuvent en effet :
- Prescrire, exécuter et interpréter des tests diagnostics (examens sanguins, radios, etc.),
- Diagnostiquer et traiter des maladies chroniques comme le diabète, l'hypertension ainsi que diverses infections et blessures,
- Prescrire les traitements appropriés et assurer le suivi du patient,
- Conseiller le patient sur son mode de vie afin de prévenir certaines pathologies.
Toutefois, lorsque la situation dépasse ce cadre, elles doivent rediriger le patient vers un médecin dont les connaissances et les compétences seront plus larges.

On les retrouve au sein de différentes structures sanitaires : à l'accueil des urgences où elles posent un pré-diagnostic, prescrivent les examens à effectuer et un traitement préliminaire si besoin ; en consultation dans les services hospitaliers pour effectuer le suivi des patients ; en cabinet médical associées à un médecin, elles reçoivent en consultation les patients, renouvellent les ordonnances ; plus récemment elles se regroupent en cabinet de « Nurse Practitionner ».

Si vous êtes en visite à New York et que vous avez un rhume à cause de l'utilisation à outrance de l'air conditionné, une gastro (ah, les sushis pas frais de la veille !) ou encore que vous vous êtes tordu la cheville en descendant du taxi à Times Square, vous pouvez vous rendre au Duane Reade de la 50ème rue et 8ème avenue à toute heure du jour et de la nuit et être reçu par une NP. Celle-ci vous recevra et prescrira un traitement approprié à un tarif deux à trois fois moins cher qu'une consultation par un médecin.

Alors la question qui se pose est : ne finiront-elles pas par remplacer le médecin généraliste ? La réponse est assez complexe. Un des éléments les plus importants à prendre en compte est la demande croissante de soins liée au vieillissement de la population et à l’augmentation des pathologies chroniques. Cette tendance s’accentue d’année en année et l’on estime qu’il manquera plus de 700.000 médecins en 2025, en dépit des efforts du gouvernement pour en former davantage. Loin de faire concurrence aux médecins, les NP sont une alternative intéressante qui permet d’accroître le nombre de professionnels qualifiés au service de la population, à bien moindre coût.

C’est une belle opportunité d’évolution qui attire de nombreuses infirmières. Elles bénéficient d’une autonomie accrue, d’un salaire intéressant (90 000 à 100 000 dollars à New York) et d’une qualité de vie supérieure. Peut-être une idée supplémentaire dont devrait s’inspirer le système de santé français ?

jeudi 7 mai 2009

Happy nurses' week

Cette semaine, nous célébrons la «semaine des infirmières». Elle a lieu tous les ans entre le 6 et 12 Mai (le jour de naissance de Florence
Nightingale, la fondatrice des sciences infirmières modernes). C'est en Février 1974, que le président des Etats-Unis, Nixon a officiellement proclamé cette semaine comme la «National Nurses Week» dans le but de commémorer le travail de F.Nightingale et d'honorer le travail des infirmières américaines. C'est peut-être la seule chose de bien qu'il ait accompli durant son mandat !


Au programme, jeudi un petit déjeuner était servi par les cadres des différents services, le déjeuner était fourni par un laboratoire, en fin d'après-midi, des glaces étaient servies dans la cafétéria afin de faire se rencontrer les infirmières de l'hôpital. Aujourd'hui, des prix étaient remis à des infirmières ayant été nommées « meilleure infirmière de l'année » dans différentes catégories.

J'ai reçu plusieurs email des associations d'infirmières dont je fais partie me remerciant de mon travail, de ma motivation, de ma compassion et même d'avoir choisi cette profession... « too much ! » direz vous. Oui, c'est vrai, mais je suis fière que ma profession soit aussi reconnue. Cette reconnaissance ne s'exprime d'ailleurs pas seulement par la « Nurses Week » mais aussi par un respect de la part des médecins, des possibilités innombrables de se former aux frais de l'hôpital et une valorisation de nos compétences se reflétant dans le salaire.

Les sites internet de cadeaux à destination des infirmières sont nombreux et tous plus kitchs les uns que les autres. En voici quelques exemples en image:





Alors à toutes mes collègues françaises, je souhaite une «joyeuse fête des infirmières».
Sarko, à quand une «journée des infirmières» en France? Parce qu'après tout, on fait un formidable travail mais dans des conditions souvent difficiles, peu de reconnaissance et un salaire de m...... et que parfois un peu d'encouragement ça ne fait pas de mal !

mardi 5 mai 2009

la loi EMTALA : le droit d'accès aux soins d'urgences

En 2007, 45,7 millions de personnes aux Etats-Unis ne bénéficiaient pas d’assurance santé, soit 15.3% de la population. Plus marquant encore, 8 millions d’enfants n’ont aucune protection sociale.
Les disparités entre ethnies sont également importantes puisque 30% de la population hispanique et 19,5 % de la population Afro-américaine ne disposent pas d’assurance santé contre seulement 10% pour la population blanche non hispanique.

L’absence d’une couverture santé universelle a longtemps conduit les hôpitaux à pratiquer le « dumping ». Cette pratique se caractérise par le fait que certains hôpitaux avaient tendance à transférer ou se décharger des patients sans assurance se trouvant dans l'incapacité de payer pour leur prise en charge.

Dans ce cadre, la loi EMTALA (Emergency Medical Treatment and Active Labor Act) a été promulguée par le Congrès américain en 1986. Celle-ci oblige désormais les services d’urgences des hôpitaux et les ambulances à prendre en charge les personnes nécessitant des soins d'urgences indépendamment de leur capacité financière, nationalité ou statut légal. Cette loi s'applique à tous les hôpitaux du pays à de rares exceptions près.

Cette loi s’articule autour de trois axes principaux :

- L'hôpital est tenu de procurer un examen préliminaire du patient afin de déterminer s'il s'agit d'une urgence vitale ou pas, et dans le cas d'une femme enceinte si elle est entrée en phase de travail. Celui-ci peut être pratiqué par un médecin ou une infirmière praticienne (généralement la première personne que vous rencontrez aux urgences). Si le patient nécessite des soins d'urgence, l'hôpital a pour obligation de pourvoir les traitements appropriés.
- La prise en charge des patients considérés comme étant instables ne doit pas être retardée dans le but de s’assurer que le patient possède bien une assurance.
-Dans le cas où le patient est considéré instable, il ne peut en aucun cas être transféré vers un autre hôpital ou déchargé. Un transfert peut être envisagé ultérieurement si certaines conditions sont réunies (moyens humains et techniques présents lors du transfert) et si le médecin estime que l'état du patient ne se détériorera pas durant le transport.

Les hôpitaux et les médecins contournant s’exposent a des sanctions financières pouvant s’élever à 50 000 dollars.

Cette loi pose toutefois de nombreux problèmes. 55% des soins prodigués aux urgences ne sont pris en charge ni par les assurances privées, ni par l'Etat. Le déficit créé entraîne des hausses d'impôts et la fermeture des services d'urgences des hôpitaux qui ne peuvent pas assumer financièrement le coût de la prise en charge des patients non assurés. Les services d'urgences restants deviennent alors surchargés et les ambulances doivent donc transporter les patients dans des hôpitaux plus lointains, retardant ainsi leur traitement.
La loi EMTALA semble également incomplète car il s’agit uniquement de stabiliser le patient en situation d'urgence vitale et la question de son suivi n'est pas abordée.

Pour conclure, cette loi est un point de départ, mais une profonde réforme du système de santé est encore nécessaire pour rendre les soins de santé accessibles à tous. Espérons que le nouveau président pourra mener les réformes pour y parvenir ! La tâche me paraît ardue, car au delà des lois, un changement des mentalités est indispensable. Même si la majorité des Américains s’accordent à dire qu’une couverture maladie universelle est nécessaire, beaucoup n’acceptent cependant pas l’idée de payer des impôts supplémentaires pour les autres.

mardi 14 avril 2009

Melting-pot

New York a toujours représenté la ville du multiculturalisme par excellence. Des centaines de nationalités s'y côtoient au quotidien.

Le service dans lequel je travaille reflète parfaitement cette facette. Je travaille donc au quotidien avec des infirmières venant du monde entier : Allemagne, Pologne, Ukraine, Australie, Corée, Philippines, Zambie, Pérou, Jamaïque, Liberia, Etats-Unis, Inde et France. S’ajoute à cette diversité culturelle, une différence en terme d’années d’expérience, de deux à trente cinq ans, pour certains au sein du même service. C'est un milieu extrêmement enrichissant, on apprend sur la culture de l'autre, sur la pratique infirmière dans les autres pays et l’on goûte même aux plats locaux (ah l'oxtail jamaïcain !! « my favorite » comme on dit ici). C'est pour moi un vrai laboratoire d'observation. Voilà quelques-unes de celles-ci :

Les infirmières américaines, par exemple, ont tendance à être aussi beaucoup plus familières avec leurs patients que nous le sommes en France. Habituée à vouvoyer mes patients, ça a été un choc pour moi de les entendre appeler leurs patients non seulement par leurs prénoms mais par des « sweetie », « darling » et autres petits noms. Pour ma part, je continue à m'adresser à eux en disant Mister ou Mrs Untel. Ça me rappelle un oral du concours d'entrée d'école d'infirmière dont le sujet était le tutoiement et vouvoiement des patients. Je crois que ça en ferait sursauter plus d'un de s'entendre appeler « chéri » et se faire tutoyer lors d'un séjour à l'hôpital en France, mais ici cela semble naturel.

Un autre jour, je n'ai pas compris pourquoi une de mes collègues philippines s'est sentie autant offusquée lorsque, passant devant la chambre d'une patiente qui n'avait pas sa sonnette à portée de main, celle-ci l'a appelé en pointant son index dans sa direction. J'ai compris plus tard, qu’aux Philippines, ce geste est uniquement utilisé pour appeler les animaux.

Hier encore, dimanche de Pâques, une secrétaire originaire des Caraïbes est arrivée dans le service peu après 9h alors qu'elle d'ordinaire doit être présente dès 8h. Motif de son retard : elle est allée à la messe avant de venir travailler. La ponctualité n'est déjà pas la principale de ses qualités, mais là, elle a vraiment fait fort ! Elle nous a expliqué que Dieu la pardonnerait pour son retard. Et dire qu'elle a repris des études pour devenir infirmière ; je l'imagine très bien débarquer en retard tous les matins pensant que Dieu s'occupe de ses patients à sa place...

Mon lieu de travail est un véritable «melting-pot». Malgré toutes nos différences, notre but est le même : «patient first». Même si ça peut être difficile par moment, je profite à fond de cette expérience unique et j’adore me lever le matin pour aller travailler !

mercredi 8 avril 2009

«Orientation»

Le terme «orientation» est utilisé aux Etats-Unis pour qualifier la période de formation d'un nouvel employé au sein de son entreprise. Mon orientation à l'hôpital a duré cinq (longs) mois...


Le patient est un client, je l'ai lu des milliers de fois dans le livre avec lequel j'ai étudié pour préparer mon examen d'équivalence. Il n'est jamais mention du mot «patient» mais «client». Durant le premier jour de mon orientation, l'intervention de la directrice adjointe m'a confirmé que la santé, de ce côte de l'Atlantique, est un véritable business. Elle nous a expliqué que l'hôpital voulait nous rendre heureux (oui, oui...) car si nous étions heureux, notre travail s'en ressentirait et nous serions plus compétitif que l'hôpital qui se trouve de l'autre côté de Central Parc!


Après deux jours d'orientation générale (présentation de l'hôpital, procédures, code de conduite, etc.), j'ai suivi une formation d'environ huit jours avec les autres nouvelles infirmières. Nous avons passé en revue les quelques protocoles existants, appris à utiliser le glucomètre et à poser des intraveineuses sur les fameux bras en plastique... et là, premier choc, certaines infirmières (dont certaines sont titulaires d'un master), n'ont jamais posé d'IV, ni à l'école, ni en stage. Dix minutes plus tard apres avoir reproduit le geste une ou deux fois, les voilà prêtes à essayer sur des vrais patients ou plutôt clients devrais-je dire! Au cours de leur formation, les infirmières américaines effectuent peu de stages, et il s'agit le plus souvent de simples stages d'observation. Ce système d'apprentissage explique en grande partie le fait que les périodes d'orientation soient aussi longues.


A l'issue de ces quelques jours de formation, j'ai rejoint mon service où je partageais mon temps entre des cours et la pratique. Deux jours de cours consacrés à apprendre la lecture des ECG (rythmes normaux et arythmies simples) ainsi que les traitements associés aux arythmies ; cinq jours à étudier les modes de ventilation, les médicaments communs en réa, la fonction pulmonaire, cardiaque, etc (beaucoup plus approfondie que nos cours d'école d'infirmière). La réussite de mon orientation était conditionnée par le passage d'examens écrits après ces cours. Après avoir passé les épreuves, j'ai donc reçu mes certificats de réussite !

Au sein de mon nouveau service, j'ai été encadrée la plupart du temps par ma «preceptor» (infirmière référente) qui par une heureuse coïncidence s'est trouvée être française ! Ce fut donc une acclimatation en douceur au système de soins et aux pratiques infirmières américaines. Après trois mois et demi de jour, j'ai ensuite été orientée un mois à nouveau par l'équipe de nuit (à mon avis, plus par souci de la part des infirmières de nuit de faire reconnaître leur rôle par rapport à leurs collègues de jour, que par réel besoin d'approfondir mes connaissances...)

Un peu plus de cinq mois après mon premier jour a l'hôpital, je débutais enfin en temps que Registered Nurse à part entière. J'ai beaucoup apprécié l'opportunité de formation qui m'était offerte mais la durée de cette période d'orientation m'a quelque peu déstabilisée : après avoir été doublée pendant cinq mois, je ne savais plus si j'étais capable de prendre en charge un patient seule. Cette sensation s'est toutefois rapidement dissipée !

Coût de mon orientation pour l'hôpital, un peu plus de 40 000 dollars. La formation des infirmières est ici prise très au sérieux car, au pays des procès, si des poursuites sont engagées pour faute professionnelle de la part d'une infirmière, l'hôpital peut prouver qu'il a fourni les ressources nécessaires pour former son infirmière et ne sera donc pas mis en cause. Par aileurs, j'ai souscrit à une assurance privée pour me protéger en cas de procès.

samedi 7 mars 2009

premier post

Débuter un blog n’est pas une mince affaire. Après des mois à peser le pour et le contre, j’ai décidé de me lancer.
Donc pour ce premier “post”, une petite présentation s’impose.

Après avoir fait des études d’infirmières en France et passer une équivalence pour pouvoir pratiquer aux Etats-Unis, je travaille depuis un peu plus d’un an dans un hôpital à New York.
L’idée que j’avais de l’hôpital aux Etats Unis avant de venir en stage de fin d’études était celui d’”Urgences”…well…ce que j’ai découvert est assez ressemblant.

Alors d’emblée, quelques réponses aux 2-3 questions que l’on me pose le plus souvent :

-Est-il vrai que les employés portent leurs uniformes en dehors de l’hôpital? Eh bien, oui. A 7h du matin, le métro en direction de mon hôpital est rempli de gens déjà en “scrubs” multicolores. (Je tiens à préciser que je me change dans les toilettes du boulot car il n’y a aucun endroit approprié pour se changer et qu’il est “shoking’ de se changer en présence d’autres personnes surtout s’elles ne sont pas du même sexe.)

- Est-il vrai que l’on refuse de prodiguer des soins aux patients sans assurance? Pour ma part, je travaille dans un hôpital dans lequel la majorité des patients n’ont aucune assurance. Ils sont pris en charge par Medicare ou Medicaid qui sont des programmes de sécurité sociale de la part de l’Etat. Il existe aussi une loi obligeant les hôpitaux, qui ne prennent en charge seulement des patients ayant une assurance, de prodiguer des soins d’urgences pour les patients défavorisés. C’est un système assez complexe, j’y consacrerai quelques articles pour tenter d’éclaircir le sujet.

- Les infirmières ont-elles le droit de prescrire? Certaines oui, ce sont des ‘Nurse Practionner” ou “Clinical Nurse Specialist”, elles ont fait 6 ans d’études. Le système d’étude d'infirmière est très différent du notre, c’est un cursus universitaire avec de nombreuses specialisations possibles. Les métiers au sein de la profession infimière sont donc multiples. J’aurai l’occasion de développer ce sujet plus tard.

Ce blog ne reflète que mes réflexions et opinions personnelles. Je serai très heureuse de lire vos commentaires mais je me réserve le droit de ne pas publier ceux que je considèrerais inappropriés.