mardi 28 juillet 2009

Salaire d'une infirmière à New York

En m’intéressant aux sujets de recherche amenant des visiteurs sur mon blog, je me suis aperçue que le sujet du salaire des infirmières était un des thèmes les plus recherchés.
Tabou en France, le sujet des salaires est abordé plus librement aux Etats-Unis. Après avoir fait quelques recherches sur le Web, je me suis rendu compte qu’il est difficile de trouver des informations sur le salaire d’une infirmière en France et que peu de personnes souhaitent le communiquer. Plutôt que de donner des chiffres, on préfère dire qu’on n’a pas choisi ce métier pour l’argent ! Vrai, mais ça n’est pas avec des réponses comme celles-ci que l’on va réussir un jour à êtres plus reconnus et mieux payés…

Comme je l’avais dit dans un précédent post, les salaires des infirmières aux Etats-unis sont beaucoup plus élevés qu’en France mais sont assez disparates selon l’état dans lequel on exerce. L’état de Californie est, par exemple, l’état dans lequel les infirmières sont le mieux rémunérées. Mais le coût de la vie est aussi bien plus élevé qu’ailleurs.

Dans la majorité des hôpitaux, les salaires sont négociés par les syndicats tous les trois ans.
Le salaire de base annuel brut d’une «registered nurse» en 2009 dans mon hôpital est 71 247 dollars. Ce salaire de base est augmenté chaque début d’année d’environ 2000 dollars, ce qui le portera au 1er janvier 2010 à 73 384 dollars. Chaque année d’expérience apporte également environ 1000 dollars de plus sur le salaire annuel. Enfin, le niveau d’étude et les certifications sont pris en compte. Les infirmières ayant un Bachelor of Science in nursing (Bac +4) gagnent 1400 dollars de plus par an, quant à celles qui détiennent des certifications, 1500 dollars de plus.
Comme en France, les salaires les plus hauts sont ceux des infirmières anesthésistes qui débutent aux environs de 150 000 dollars.

De nombreuses raisons justifient ces niveaux de salaire. Celui-ci s’explique en grande partie par le fait que nous travaillons plus qu’en France. « Travailler plus pour gagner plus » comme diraient certains. Pour prendre mon exemple, je travaille entre 15 et 17 jours de 12h30 par mois et je n’ai que 4 semaines de vacances.
De plus, la plupart des infirmières américaines se sont endettées pour payer leurs études qui peuvent coûter jusqu’à 35 000 euros l’année. Elles doivent rembourser leurs crédits pendant plusieurs années en même temps qu’épargner afin de payer les études de leurs enfants.
Sans oublier qu’une partie du salaire est en général placé sur des plans d’épargne pour la retraite.
Enfin, comme on le sait, aux Etats-Unis, les soins de santé sont extrêmement coûteux et doivent être pris en compte dans le budget.

Malgré tout, je bénéficie d’un meilleur niveau de vie qu’en France. Toutefois, je ne peux m’empêcher de me demander dans quelle mesure les salaires élevés attribués au personnel de santé contribuent aux coûts, inabordables pour certains, des soins de santé aux Etats-Unis.

samedi 11 juillet 2009

Une journée de ma vie d'infirmière

Difficile de se remettre à écrire après une semaine de vacances passée chez mes parents dans la Drôme des collines… J’ai bien essayé de finir ce post pendant mes vacances mais entre un plongeon dans la piscine et écrire sur une journée de travail, le choix était vite fait !

J’ai donc décidé de vous raconter une journée type d’une infirmière en réanimation à New York. Ne soyez pas étonnés, ça ressemble beaucoup à la journée d’une infirmière en réanimation en France.

Réveil à 5h30. Après un bon café latte fait maison, je saute dans un «yellow cab», direction l’hôpital.
En arrivant dans le service, je fais le tour du service et choisis le groupe de patients que je prendrai en charge pour la journée.
Nous appliquons dans notre unité la règle du premier arrivé, premier servi (first come, first serve). C’est une règle que je n’ai jamais vu appliquer ailleurs qui veut que les infirmières arrivant le matin choisissent leurs patients en fonction de leur ordre d’arrivée. Certaines de mes collègues arrivent donc à 6h pour prendre la relève à 7h30 seulement. J’ai choisi d’arriver tôt pour pouvoir choisir mes patients et ne pas hériter de ceux dont personne ne veut (obèses trop lourds à repositionner, alcooliques trop agités, patient dont les familles sont trop présentes…), quitte à me lever beaucoup plus tôt.
Puis direction le Starbuck’s pour un second café ! Il me faut bien ça pour affronter ma journée de 12h30 de travail...
Après une demi-heure de transmission de 7h30 à 8h pendant laquelle les infirmières de nuit nous présentent les patients, nous démarrons la journée par un examen clinique approfondi des patients, vérifions les alarmes des paramètres vitaux sur les moniteurs, ainsi que les doses des médicaments administrés en continu.
L’examen clinique est constitué de l’analyse de l’état de conscience du patient, cotation du score de Glascow, l’analyse du rythme cardiaque, la vérification de la présence et l’intensité des pulsations aux extrémités, l’auscultation des bruits des poumons ainsi que la présence de ceux des intestins aux quatre quadrants de l’abdomen, palpation de l’abdomen.
Je m’installe ensuite devant un des ordinateurs du service et passe entre une demi-heure et une heure à remplir des pages de détails sur mon examen clinique, les actions mises en place pour assurer la sécurité du patient et l’administration des médicaments. Et comme si cela n’était pas suffisant, nous remplissons également une feuille de soins.
La partie administrative est extrêmement importante aux Etats-Unis notamment à cause des nombreux procès intentés par les patients et leurs familles contre les hôpitaux, médecins et infirmières.
Après avoir fini mon travail de «charting» sur l’ordinateur, il est temps de préparer les médicaments de 10h.
La titration de la plupart des infusions, notamment les sédatifs (diprivan, morphine, lorazepam) et les catécholamines, est laissée à la charge des infirmières.
Les soins de bouche ainsi que le repositionnement les patients afin de prévenir les escarres s’effectuent toutes les deux heures. Le repositionnement s’effectue en général avec une aide-soignante, mais comme nous n’en avons qu’une seule pour douze patients, je perds souvent beaucoup de temps à la chercher.
La visite des médecins s’effectue également le matin et nous décidons du plan de soin de notre patient pour la journée.
Dans la matinée, la «charge nurse» répartit les pauses-repas. Nous sommes en général mises en binôme et surveillons les patients de l’autre infirmière pendant l’heure de pause.
L’après-midi est occupé par la distribution des médicaments, la surveillance étroite des paramètres vitaux et les toilettes des patients. Les pansements de voies veineuses centrales sont effectués à l’aide d’un kit contenant des gants stériles, un masque, deux cotons-tiges imbibés d’antiseptique, un petite compresse et un pansement transparent. Pas terrible comparé à la technique française où même l’infirmière s’habille en stérile ! Les lignes des cathéters sont changées tous les 4 jours. Quant aux sondes d’intubation, nous changeons leurs attaches avec l’aide des «respiratory therapist» qui sont des professionnels de santé spécialisés sur la respiration. Ceux-ci s’occupent de tout ce qui concerne les traitements respiratoires (nébulisations, ventilateurs, etc.). Ils relèvent les paramètres des respirateurs régulièrement (les infirmières le font aussi sur leur feuille de soin), règlent les alarmes, aspirent le patient occasionnellement.
Les amples horaires de visite accordés aux familles et connaissances qui s’étalent de 11h à minuit ajoutent une charge de travail conséquente car il nous faut répondre aux multiples questions et demandes des familles.
La journée s’achève à 20h après avoir fait les transmissions à l’infirmière de nuit.