vendredi 29 octobre 2010

Réponses à vos nombreuses questions

Durant ces quelques mois de blogoléthargie, j'ai reçu beaucoup d'emails me demandant quel était mon parcours et les démarches à entreprendre pour travailler en tant qu'infirmière aux Etats-Unis. Voici donc un post destiné à répondre aux questions récurrentes que j'ai reçues.

Ayant depuis longtemps le projet de venir travailler à New York, j'ai eu la chance de faire mon stage de fin d'études de huit semaines dans un hôpital de New York en 2005.
J'ai pu réaliser ce stage d'une part grâce à ma tutrice qui m'a soutenue dans mon projet face à la direction de l’école et d'autre part à mon mari qui a pris le temps de téléphoner aux ressources humaines des hôpitaux New-yorkais en demandant un stage. Je tiens a préciser que ce fut un stage d'observation. Il n'était pas possible d'effectuer un stage pratique, pour des raisons de responsabilité civile. C'est d'ailleurs pour cette raison que la direction de mon école était réticente à me laisser partir.

A l’époque du stage, il était relativement facile pour les infirmières étrangères d'obtenir le droit de venir travailler sur le sol américain puisque les hôpitaux les sponsorisaient pour obtenir une carte verte. Malheureusement, ceci n'est plus d'actualité. Dans la région de New York, comme dans le reste des Etats-Unis, les hôpitaux ne sponsorisent plus les infirmières. Il est donc nécessaire d'avoir son propre visa pour pouvoir faire candidature.


Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai rejoint mon mari à Paris où j'ai travaillé en intérim en vue de notre départ aux Etats-Unis. Quelques mois plus tard, un visa en poche obtenu par l'entreprise de mon mari, nous nous sommes envolés pour New York où nous rêvions de vivre depuis longtemps. Ce type de visa (E-2) me permit de faire une demande de permis de travail que j'ai obtenu trois mois plus tard.


Ce fut ensuite le parcours du combattant pour obtenir la licence d'infirmière de l'Etat de New York, précieux sésame indispensable pour travailler comme infirmière. Les démarches pour venir travailler à New York (visa, CGFNS, NCLEX, etc.) sont très bien expliquées ici, je ne m'attarderai donc pas. En attendant ma licence américaine, j'ai d'abord travaillé à temps partiel dans une école française en tant qu'infirmière scolaire. Dans le même temps, pour perfectionner mon anglais, j'ai pris un petit boulot de vendeuse dans une pâtisserie.


Quand enfin, j'ai obtenu ma licence de l’Etat de New York après dix-huit mois de galères administratives, ma recherche de travail ne fut pas aussi facile que je l'imaginais... Il m'a semblé que les hôpitaux étaient réticents à m'embaucher, malgré mon obtention de la licence, parce qu’il ne connaissait pas la valeur du diplôme français. Malgré toutes mes démarches, je n’obtenais pas le moindre entretien d’embauche. Après quelques semaines de recherche, j’ai décidé de me tourner vers des cabinets de médecins. Il est en effet très courant aux Etats-Unis de trouver des infirmières au sein des cabinets médicaux. Un cabinet de pédiatre de l'Upper East Side m'embaucha. Mon rôle consistait à peser, mesurer les enfants, leur faire passer des tests de vision, faire des vaccins et des prises de sang, répondre aux questions et donner des conseils par téléphone aux parents. Pas exactement le job dont je rêvais…


Après six semaines dans ce cabinet, je me suis présentée à une soirée portes ouvertes pour les services urgences et réanimation d'un hôpital dont l'annonce était passée dans un journal. A défaut d’entretien d’embauche, c’était mon premier contact avec de potentiels recruteurs. Je fus recrutée par le cadre du service de réanimation. Après avoir passé un test de pharmacologie et rempli toutes les démarches administratives, je débutai enfin en réanimation médico-chirurgicale sur un poste de nuit.
Je travaille dans cette unité depuis plus de deux ans et demi maintenant et j'ai pu être transférée de jour après le départ d'une collègue.


Comme vous pouvez le constater, ce n’était déjà pas un parcours facile à l’époque. Je ne veux décourager personne, mais les démarches sont devenues encore plus difficiles suite à la crise et à la fermeture de plusieurs hôpitaux de Manhattan. A titre d’exemple, j’ai récemment vu passer une circulaire de mon hôpital qui demandait de recruter exclusivement les infirmières qui avaient perdu leur emploi suite à la fermeture de l’hôpital Saint Vincent.

Voici des réponses plus précises à quelques points soulevés dans vos emails :


- Le niveau d'anglais : je n'avais pas un très bon niveau d'anglais en arrivant pour mon stage mais je comprenais très bien ce que l'on me disait. Après avoir passé quelques mois aux Etats-Unis, je me suis améliorée et j'ai appris le jargon médical lorsque j'ai commencé à travailler. Étant entourée de nombreux collègues étrangers, faire répéter ou reformuler n'a jamais été un souci ! Je n'ai pas eu à passer de test d'anglais (TOEFL) pour pouvoir travailler, mais cela dépend du type de visa.


- Le visa : si vous ne possédez pas de carte verte, n'êtes pas marié(e) à une personne de nationalité américaine, ou comme moi à quelqu'un qui possède un visa, il est quasiment impossible d'obtenir un visa par le biais des hôpitaux. Cela s’explique essentiellement par le fait que de nombreux hôpitaux new-yorkais ont fermé leurs portes récemment; par conséquent, de nombreuses infirmières américaines expérimentées se retrouvent sans emploi, en plus des jeunes diplômées sortant de l'école.


-Le stage : ma démarche a été de téléphoner aux ressources humaines des hôpitaux. Par chance, un DRH a accepté de me donner un stage. Toutefois j’ai essayé de le recontacter et il n'est plus en poste. Par ailleurs plusieurs d’entre vous m’ont interrogée sur la possibilité de faire un stage dans mon hopital. Je ne suis pas malheureusement pas en mesure de vous obtenir des stages.


-Faire ses études d’infirmières aux Etats-Unis : les études d'infirmières se font à l'université. Pour ceux qui sont intéressés, les listes d'attentes sont longues (j’ai entendu parler de deux ans d’attente) et l'université coûte relativement cher, jusqu'à 45 000 dollars l'année. Vous avez le choix de faire deux ans d'étude qui vous donne un "Associate degree" ou quatre ans pour obtenir le "Bachelor of Science in Nursing"(BSN). L'association des infirmières de NY milite pour que toutes les infirmières exerçant dans l’Etat de New York soient détentrices du BSN. Certains hôpitaux embauchent déjà uniquement des infirmières ayant atteint ce niveau d'étude.


Mon but ici n'est pas de décourager ceux d'entre vous qui souhaitent exercer à New York, mais simplement de vous prévenir des difficultés qui vous attendent si vous entreprenez vos démarches aujourd'hui. On peut toutefois espérer que les conditions d'obtention des visas et d'embauche des infirmières s'améliorent dans les années qui viennent.


Good luck !

lundi 7 septembre 2009

Urgences drive-in !

Vous connaissiez le Mc Drive où vous n'avez pas besoin de descendre de votre voiture pour acheter votre hamburger ? Depuis sa mise en place dans les années 40, ce concept a fait des émules dans le pays où le temps est de l'argent. Retrait de cash au distributeur sans avoir à descendre de sa voiture, achat de bière, etc. Il est désormais question d’étendre ce principe aux urgences !

Le docteur Greg Gilbert a eu cette idée il y a quelques années, alors qu’il s’occupait de la gestion pandémique de la grippe et qu’il cherchait un moyen de gérer efficacement un nombre de patient important. L’idée consiste à mettre en place un service d’urgences au sein duquel les patients n’ont à descendre de leur voiture à aucun moment de la prise en charge. Le principe est simple : les voitures servent de sas de protection afin d’éviter le contact entre les patients infectés par un virus contagieux et le personnel médical, et de protéger par la même occasion les patients qui ne sont pas contaminés.

Compte tenu du risque actuel de pandémie de grippe porcine, le docteur Greg Gilbert a finalement expérimenté son concept en juin dernier au « Stanford Hospital and Clinic ». L’hôpital a aménagé un parking en service d’urgences permettant aux patients de passer à différentes fenêtres afin d’être diagnostiqués, traités et bien sûr facturés !

La première fenêtre permet aux patients de faire les démarches administratives afin de donner leurs coordonnées et de fournir la preuve qu’ils sont couverts par une assurance. La deuxième étape est celle du triage : les infirmiers et techniciens enregistrent les premiers signes vitaux et prennent note des antécédents médicaux du patients. Lors de la dernière étape, les patients sont enfin « vus » par des médecins qui posent alors un diagnostique et décident d’admettre ou non le patient à l’hôpital.

Cette expérience a été réalisée dans un premier temps non pas avec de vrais patients mais avec des volontaires. Elle a été observée par de nombreux experts et devrait prochainement faire l’objet d’une publication dans une revue médicale. Aux yeux de nombreux professionnels, cette expérience a été concluante et il serait envisageable de l’appliquer dès l’automne si la pandémie de H1N1 prenait de l’ampleur.

mardi 28 juillet 2009

Salaire d'une infirmière à New York

En m’intéressant aux sujets de recherche amenant des visiteurs sur mon blog, je me suis aperçue que le sujet du salaire des infirmières était un des thèmes les plus recherchés.
Tabou en France, le sujet des salaires est abordé plus librement aux Etats-Unis. Après avoir fait quelques recherches sur le Web, je me suis rendu compte qu’il est difficile de trouver des informations sur le salaire d’une infirmière en France et que peu de personnes souhaitent le communiquer. Plutôt que de donner des chiffres, on préfère dire qu’on n’a pas choisi ce métier pour l’argent ! Vrai, mais ça n’est pas avec des réponses comme celles-ci que l’on va réussir un jour à êtres plus reconnus et mieux payés…

Comme je l’avais dit dans un précédent post, les salaires des infirmières aux Etats-unis sont beaucoup plus élevés qu’en France mais sont assez disparates selon l’état dans lequel on exerce. L’état de Californie est, par exemple, l’état dans lequel les infirmières sont le mieux rémunérées. Mais le coût de la vie est aussi bien plus élevé qu’ailleurs.

Dans la majorité des hôpitaux, les salaires sont négociés par les syndicats tous les trois ans.
Le salaire de base annuel brut d’une «registered nurse» en 2009 dans mon hôpital est 71 247 dollars. Ce salaire de base est augmenté chaque début d’année d’environ 2000 dollars, ce qui le portera au 1er janvier 2010 à 73 384 dollars. Chaque année d’expérience apporte également environ 1000 dollars de plus sur le salaire annuel. Enfin, le niveau d’étude et les certifications sont pris en compte. Les infirmières ayant un Bachelor of Science in nursing (Bac +4) gagnent 1400 dollars de plus par an, quant à celles qui détiennent des certifications, 1500 dollars de plus.
Comme en France, les salaires les plus hauts sont ceux des infirmières anesthésistes qui débutent aux environs de 150 000 dollars.

De nombreuses raisons justifient ces niveaux de salaire. Celui-ci s’explique en grande partie par le fait que nous travaillons plus qu’en France. « Travailler plus pour gagner plus » comme diraient certains. Pour prendre mon exemple, je travaille entre 15 et 17 jours de 12h30 par mois et je n’ai que 4 semaines de vacances.
De plus, la plupart des infirmières américaines se sont endettées pour payer leurs études qui peuvent coûter jusqu’à 35 000 euros l’année. Elles doivent rembourser leurs crédits pendant plusieurs années en même temps qu’épargner afin de payer les études de leurs enfants.
Sans oublier qu’une partie du salaire est en général placé sur des plans d’épargne pour la retraite.
Enfin, comme on le sait, aux Etats-Unis, les soins de santé sont extrêmement coûteux et doivent être pris en compte dans le budget.

Malgré tout, je bénéficie d’un meilleur niveau de vie qu’en France. Toutefois, je ne peux m’empêcher de me demander dans quelle mesure les salaires élevés attribués au personnel de santé contribuent aux coûts, inabordables pour certains, des soins de santé aux Etats-Unis.