En 2007, 45,7 millions de personnes aux Etats-Unis ne bénéficiaient pas d’assurance santé, soit 15.3% de la population. Plus marquant encore, 8 millions d’enfants n’ont aucune protection sociale.
Les disparités entre ethnies sont également importantes puisque 30% de la population hispanique et 19,5 % de la population Afro-américaine ne disposent pas d’assurance santé contre seulement 10% pour la population blanche non hispanique.
L’absence d’une couverture santé universelle a longtemps conduit les hôpitaux à pratiquer le « dumping ». Cette pratique se caractérise par le fait que certains hôpitaux avaient tendance à transférer ou se décharger des patients sans assurance se trouvant dans l'incapacité de payer pour leur prise en charge.
Dans ce cadre, la loi EMTALA (Emergency Medical Treatment and Active Labor Act) a été promulguée par le Congrès américain en 1986. Celle-ci oblige désormais les services d’urgences des hôpitaux et les ambulances à prendre en charge les personnes nécessitant des soins d'urgences indépendamment de leur capacité financière, nationalité ou statut légal. Cette loi s'applique à tous les hôpitaux du pays à de rares exceptions près.
Cette loi s’articule autour de trois axes principaux :
- L'hôpital est tenu de procurer un examen préliminaire du patient afin de déterminer s'il s'agit d'une urgence vitale ou pas, et dans le cas d'une femme enceinte si elle est entrée en phase de travail. Celui-ci peut être pratiqué par un médecin ou une infirmière praticienne (généralement la première personne que vous rencontrez aux urgences). Si le patient nécessite des soins d'urgence, l'hôpital a pour obligation de pourvoir les traitements appropriés.
- La prise en charge des patients considérés comme étant instables ne doit pas être retardée dans le but de s’assurer que le patient possède bien une assurance.
-Dans le cas où le patient est considéré instable, il ne peut en aucun cas être transféré vers un autre hôpital ou déchargé. Un transfert peut être envisagé ultérieurement si certaines conditions sont réunies (moyens humains et techniques présents lors du transfert) et si le médecin estime que l'état du patient ne se détériorera pas durant le transport.
Les hôpitaux et les médecins contournant s’exposent a des sanctions financières pouvant s’élever à 50 000 dollars.
Cette loi pose toutefois de nombreux problèmes. 55% des soins prodigués aux urgences ne sont pris en charge ni par les assurances privées, ni par l'Etat. Le déficit créé entraîne des hausses d'impôts et la fermeture des services d'urgences des hôpitaux qui ne peuvent pas assumer financièrement le coût de la prise en charge des patients non assurés. Les services d'urgences restants deviennent alors surchargés et les ambulances doivent donc transporter les patients dans des hôpitaux plus lointains, retardant ainsi leur traitement.
La loi EMTALA semble également incomplète car il s’agit uniquement de stabiliser le patient en situation d'urgence vitale et la question de son suivi n'est pas abordée.
Pour conclure, cette loi est un point de départ, mais une profonde réforme du système de santé est encore nécessaire pour rendre les soins de santé accessibles à tous. Espérons que le nouveau président pourra mener les réformes pour y parvenir ! La tâche me paraît ardue, car au delà des lois, un changement des mentalités est indispensable. Même si la majorité des Américains s’accordent à dire qu’une couverture maladie universelle est nécessaire, beaucoup n’acceptent cependant pas l’idée de payer des impôts supplémentaires pour les autres.
mardi 5 mai 2009
mardi 14 avril 2009
Melting-pot
New York a toujours représenté la ville du multiculturalisme par excellence. Des centaines de nationalités s'y côtoient au quotidien.
Le service dans lequel je travaille reflète parfaitement cette facette. Je travaille donc au quotidien avec des infirmières venant du monde entier : Allemagne, Pologne, Ukraine, Australie, Corée, Philippines, Zambie, Pérou, Jamaïque, Liberia, Etats-Unis, Inde et France. S’ajoute à cette diversité culturelle, une différence en terme d’années d’expérience, de deux à trente cinq ans, pour certains au sein du même service. C'est un milieu extrêmement enrichissant, on apprend sur la culture de l'autre, sur la pratique infirmière dans les autres pays et l’on goûte même aux plats locaux (ah l'oxtail jamaïcain !! « my favorite » comme on dit ici). C'est pour moi un vrai laboratoire d'observation. Voilà quelques-unes de celles-ci :
Les infirmières américaines, par exemple, ont tendance à être aussi beaucoup plus familières avec leurs patients que nous le sommes en France. Habituée à vouvoyer mes patients, ça a été un choc pour moi de les entendre appeler leurs patients non seulement par leurs prénoms mais par des « sweetie », « darling » et autres petits noms. Pour ma part, je continue à m'adresser à eux en disant Mister ou Mrs Untel. Ça me rappelle un oral du concours d'entrée d'école d'infirmière dont le sujet était le tutoiement et vouvoiement des patients. Je crois que ça en ferait sursauter plus d'un de s'entendre appeler « chéri » et se faire tutoyer lors d'un séjour à l'hôpital en France, mais ici cela semble naturel.
Un autre jour, je n'ai pas compris pourquoi une de mes collègues philippines s'est sentie autant offusquée lorsque, passant devant la chambre d'une patiente qui n'avait pas sa sonnette à portée de main, celle-ci l'a appelé en pointant son index dans sa direction. J'ai compris plus tard, qu’aux Philippines, ce geste est uniquement utilisé pour appeler les animaux.
Hier encore, dimanche de Pâques, une secrétaire originaire des Caraïbes est arrivée dans le service peu après 9h alors qu'elle d'ordinaire doit être présente dès 8h. Motif de son retard : elle est allée à la messe avant de venir travailler. La ponctualité n'est déjà pas la principale de ses qualités, mais là, elle a vraiment fait fort ! Elle nous a expliqué que Dieu la pardonnerait pour son retard. Et dire qu'elle a repris des études pour devenir infirmière ; je l'imagine très bien débarquer en retard tous les matins pensant que Dieu s'occupe de ses patients à sa place...
Mon lieu de travail est un véritable «melting-pot». Malgré toutes nos différences, notre but est le même : «patient first». Même si ça peut être difficile par moment, je profite à fond de cette expérience unique et j’adore me lever le matin pour aller travailler !
Le service dans lequel je travaille reflète parfaitement cette facette. Je travaille donc au quotidien avec des infirmières venant du monde entier : Allemagne, Pologne, Ukraine, Australie, Corée, Philippines, Zambie, Pérou, Jamaïque, Liberia, Etats-Unis, Inde et France. S’ajoute à cette diversité culturelle, une différence en terme d’années d’expérience, de deux à trente cinq ans, pour certains au sein du même service. C'est un milieu extrêmement enrichissant, on apprend sur la culture de l'autre, sur la pratique infirmière dans les autres pays et l’on goûte même aux plats locaux (ah l'oxtail jamaïcain !! « my favorite » comme on dit ici). C'est pour moi un vrai laboratoire d'observation. Voilà quelques-unes de celles-ci :
Les infirmières américaines, par exemple, ont tendance à être aussi beaucoup plus familières avec leurs patients que nous le sommes en France. Habituée à vouvoyer mes patients, ça a été un choc pour moi de les entendre appeler leurs patients non seulement par leurs prénoms mais par des « sweetie », « darling » et autres petits noms. Pour ma part, je continue à m'adresser à eux en disant Mister ou Mrs Untel. Ça me rappelle un oral du concours d'entrée d'école d'infirmière dont le sujet était le tutoiement et vouvoiement des patients. Je crois que ça en ferait sursauter plus d'un de s'entendre appeler « chéri » et se faire tutoyer lors d'un séjour à l'hôpital en France, mais ici cela semble naturel.
Un autre jour, je n'ai pas compris pourquoi une de mes collègues philippines s'est sentie autant offusquée lorsque, passant devant la chambre d'une patiente qui n'avait pas sa sonnette à portée de main, celle-ci l'a appelé en pointant son index dans sa direction. J'ai compris plus tard, qu’aux Philippines, ce geste est uniquement utilisé pour appeler les animaux.
Hier encore, dimanche de Pâques, une secrétaire originaire des Caraïbes est arrivée dans le service peu après 9h alors qu'elle d'ordinaire doit être présente dès 8h. Motif de son retard : elle est allée à la messe avant de venir travailler. La ponctualité n'est déjà pas la principale de ses qualités, mais là, elle a vraiment fait fort ! Elle nous a expliqué que Dieu la pardonnerait pour son retard. Et dire qu'elle a repris des études pour devenir infirmière ; je l'imagine très bien débarquer en retard tous les matins pensant que Dieu s'occupe de ses patients à sa place...
Mon lieu de travail est un véritable «melting-pot». Malgré toutes nos différences, notre but est le même : «patient first». Même si ça peut être difficile par moment, je profite à fond de cette expérience unique et j’adore me lever le matin pour aller travailler !
mercredi 8 avril 2009
«Orientation»
Le terme «orientation» est utilisé aux Etats-Unis pour qualifier la période de formation d'un nouvel employé au sein de son entreprise. Mon orientation à l'hôpital a duré cinq (longs) mois...
Le patient est un client, je l'ai lu des milliers de fois dans le livre avec lequel j'ai étudié pour préparer mon examen d'équivalence. Il n'est jamais mention du mot «patient» mais «client». Durant le premier jour de mon orientation, l'intervention de la directrice adjointe m'a confirmé que la santé, de ce côte de l'Atlantique, est un véritable business. Elle nous a expliqué que l'hôpital voulait nous rendre heureux (oui, oui...) car si nous étions heureux, notre travail s'en ressentirait et nous serions plus compétitif que l'hôpital qui se trouve de l'autre côté de Central Parc!
Après deux jours d'orientation générale (présentation de l'hôpital, procédures, code de conduite, etc.), j'ai suivi une formation d'environ huit jours avec les autres nouvelles infirmières. Nous avons passé en revue les quelques protocoles existants, appris à utiliser le glucomètre et à poser des intraveineuses sur les fameux bras en plastique... et là, premier choc, certaines infirmières (dont certaines sont titulaires d'un master), n'ont jamais posé d'IV, ni à l'école, ni en stage. Dix minutes plus tard apres avoir reproduit le geste une ou deux fois, les voilà prêtes à essayer sur des vrais patients ou plutôt clients devrais-je dire! Au cours de leur formation, les infirmières américaines effectuent peu de stages, et il s'agit le plus souvent de simples stages d'observation. Ce système d'apprentissage explique en grande partie le fait que les périodes d'orientation soient aussi longues.
A l'issue de ces quelques jours de formation, j'ai rejoint mon service où je partageais mon temps entre des cours et la pratique. Deux jours de cours consacrés à apprendre la lecture des ECG (rythmes normaux et arythmies simples) ainsi que les traitements associés aux arythmies ; cinq jours à étudier les modes de ventilation, les médicaments communs en réa, la fonction pulmonaire, cardiaque, etc (beaucoup plus approfondie que nos cours d'école d'infirmière). La réussite de mon orientation était conditionnée par le passage d'examens écrits après ces cours. Après avoir passé les épreuves, j'ai donc reçu mes certificats de réussite !
Au sein de mon nouveau service, j'ai été encadrée la plupart du temps par ma «preceptor» (infirmière référente) qui par une heureuse coïncidence s'est trouvée être française ! Ce fut donc une acclimatation en douceur au système de soins et aux pratiques infirmières américaines. Après trois mois et demi de jour, j'ai ensuite été orientée un mois à nouveau par l'équipe de nuit (à mon avis, plus par souci de la part des infirmières de nuit de faire reconnaître leur rôle par rapport à leurs collègues de jour, que par réel besoin d'approfondir mes connaissances...)
Un peu plus de cinq mois après mon premier jour a l'hôpital, je débutais enfin en temps que Registered Nurse à part entière. J'ai beaucoup apprécié l'opportunité de formation qui m'était offerte mais la durée de cette période d'orientation m'a quelque peu déstabilisée : après avoir été doublée pendant cinq mois, je ne savais plus si j'étais capable de prendre en charge un patient seule. Cette sensation s'est toutefois rapidement dissipée !
Coût de mon orientation pour l'hôpital, un peu plus de 40 000 dollars. La formation des infirmières est ici prise très au sérieux car, au pays des procès, si des poursuites sont engagées pour faute professionnelle de la part d'une infirmière, l'hôpital peut prouver qu'il a fourni les ressources nécessaires pour former son infirmière et ne sera donc pas mis en cause. Par aileurs, j'ai souscrit à une assurance privée pour me protéger en cas de procès.
Au sein de mon nouveau service, j'ai été encadrée la plupart du temps par ma «preceptor» (infirmière référente) qui par une heureuse coïncidence s'est trouvée être française ! Ce fut donc une acclimatation en douceur au système de soins et aux pratiques infirmières américaines. Après trois mois et demi de jour, j'ai ensuite été orientée un mois à nouveau par l'équipe de nuit (à mon avis, plus par souci de la part des infirmières de nuit de faire reconnaître leur rôle par rapport à leurs collègues de jour, que par réel besoin d'approfondir mes connaissances...)
Un peu plus de cinq mois après mon premier jour a l'hôpital, je débutais enfin en temps que Registered Nurse à part entière. J'ai beaucoup apprécié l'opportunité de formation qui m'était offerte mais la durée de cette période d'orientation m'a quelque peu déstabilisée : après avoir été doublée pendant cinq mois, je ne savais plus si j'étais capable de prendre en charge un patient seule. Cette sensation s'est toutefois rapidement dissipée !
Coût de mon orientation pour l'hôpital, un peu plus de 40 000 dollars. La formation des infirmières est ici prise très au sérieux car, au pays des procès, si des poursuites sont engagées pour faute professionnelle de la part d'une infirmière, l'hôpital peut prouver qu'il a fourni les ressources nécessaires pour former son infirmière et ne sera donc pas mis en cause. Par aileurs, j'ai souscrit à une assurance privée pour me protéger en cas de procès.
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